Lecteur Wadia 3200 CD TRANSPORT

1°) Description générale :

Le Wadia WT3200 est un "transport", c'est à dire une platine CD sans convertisseur N/A intégré, fabriqué entre 1991 et 1993, vendu pour la somme de 24900 F soit à peu près 5000 euros...

Nous verrons que cet appareil ne vaut absolument pas ce prix, qu'il ne s'agit que d'un assemblage de pièces et circuits Philips/Marantz, à l'exception du circuit de veille qui a sans doute été acheté ailleurs et traficoté d'une façon parfaitement immonde pour le rendre compatible avec le reste.

a) Partie mécanique :

C'est une très belle base Philips entièrement en aluminium injecté. On a donc un appareil lourd, ce qui est nécessaire vu que la mécanique est une CDM1, donc à bras galvanométrique, donc très sensible aux vibrations.

La mécanique elle-même est donc une CDM1. C'est une très très vieille mécanique, entièrement en métal, ce qui contrairement à ce qui est dit à droite et à gauche, n'est pas du tout un avantage : le tiroir est lourd, les courroies s'usent beaucoup plus vite. Les mécanique plastique sont bien plus fiables que les mécanique à bras galva ou à moteur linéaire.

La CDM1 est (très) difficile à bien régler, il y a non seulement des réglages électroniques mais aussi mécaniques à faire...

Ces mécaniques ont cependant des avantages : les diodes laser sont très rarement HS, elles sont très très rapides en recherche de morceau et très silencieuses.

Les circuits électroniques sont "protégés" par des capots cuivrés... Intérêt réel : zéro. Il existe de très très nombreux lecteurs de CD de très bonne qualité dans lesquels les circuits ne sont pas blindés... Non c'est juste pour faire joli, ça fait "haut de gamme"...

b) Partie électrique :

Toute la partie pilotage de la mécanique est absolument identique à celle qui équipait les CD94 Marantz, la seule différence c'est que le PCB est de couleur verte, à la place de la couleur habituelle des PCB Philips et qu'il y a une sérigraphie des pistes dessus.

Le PCB de traitement de trame et de filtrage numérique est d'origine Marantz/Philips : on y trouve l'habituel couple SAA7210 SAA7220 et la disposition est assez classique des produits de cette marque (en particulier les régulateurs d'alim tous sur un même radiateur à l'arrière).

Le transfo d'alim est torique, c'est un bon point : ça rayonne moins, c'est très silencieux.

Le panneau d'affichage est celui du CD94, simplement certaines fonctions ne sont pas accessible car la façade n'a pas été usinée pour... Là aussi ça fait pas haut de gamme d'avoir des possibilités de mémorisation, repeat, shuffle, alors on fait une façade avec juste Play, Pause, Rw, Fw, Open/close...

La platine est télécommandable, elle a donc besoin d'un circuit de veille. Wadia a décidé d'utiliser un circuit dédié, qui coupe l'alim générale, évitant ainsi de laisser toute l'électronique sous tension en continu, ce qui est une très bonne chose. Ce qui l'est beaucoup moins, c'est le PCB en lui-même : un infâme bricolage avec des composants et des fils collés de façon à modifier le PCB acheté... Inadmissible sur un produit vendu 24900 F !!!!! Cette colle vieillit mal et a tendance à réagir avec les fils et les pattes des composants en les oxydant...

2°) Problèmes à la réception :

L'appareil est fonctionnel, mais son propriétaire ayant vu lorsqu'il a réalisé le changement des courroies de la mécanique le dessous de la platine de veille, s'est posé des question sur la normalité et la pérennité d'un tel montage.

3°) Dépannage :

Il a consisté à déposer ce circuit de veille, à enlever la colle, à nettoyer le PCB et à refaire un montage correct avec de la gaine thermo et une pose des composants plus réfléchie (pas bien difficile...) que celle d'origine.

4°) Le dépannage en images :

Ouverture, rien de particulier... On voit bien le PCB de veille en haut à gauche.

Les couvercles en acier cuivré enlevé, on trouve en avant le pilotage méca et interfaçage avec l'utilisateur. C'est bien fait, mais pas jeune...

En arrière, le PCB avec fusibles, comporte l'alim, le SAA7210 de traitement de trame, et le SAA7220 (filtre numérique).

On voit aussi un circuit additionnel collé avec de la mousse sur le fond (juste à droite du radiateur des régulateurs de tensions). Qu'est-ce que c'est ?

Dans un lecteur CD à techno Philips de cette époque la chaîne de traitement du signal est en général la suivante : SAA7210 en traitement de trame, puis SAA7220 en filtre numérique, puis TDA1540 (2x) ou 1541 (stéréo) en CNA. On peut récupérer le signal numérique avant le convertisseur (sur la pin 14 du 7220) et via un petit buffer et un transfo d'isolement l'envoyer sur un CNA externe au format S/PDIF via la sortie "COAX", le signal peut aussi être converti en signal lumineux de façon très simple et est alors dispo sur la sortie TOSLINK.

Les sorties COAX numériques sont l'objet d'un tas de fantasmes, en particulier quant à la qualité du signal qu'elles délivrent (surtout en terme de "jitter"). Ces fantasmes sont... des fantasmes : à moins d'avoir vraiment une sortie très très mal faite, le signal présent sur ces sorties est tout à fait correct et surtout, le jitter présent à leur niveau n'a absolument aucune importance : même pour un jitter très important, c'est la PLL présente en entrée du DAC qui va régler le pb et rendre le signal "propre". Malgré ce fait (qui se démontre très bien), bon nombre de personnes sont absolument persuadées qu'on peut améliorer le signal S/PDIF en modifiant l'interface de sortie entre SAA7220 et le coax d'une part et en remplaçant le quartz qui pilote le SAA7220, lequel, (toujours aux dires des supers audiophiles qui n'ont certainement pas lu (par exemple) Traitement numérique du signal de Maurice Bellanger ou autres traités) est un point absolument critique pour obtenir un bon son. On a dans cet appareil un très bel exemple de cette stupidité puisqu'un module "super clock low jitter" (sans doute de TVC audio) a été installé à la place du quartz, ainsi qu'un circuit interface coax.

On notera que le circuit de la super-horloge est solidarisé avec la châssis grâce à de la mousse, pour... atténuer les vibration qui pourraient modifier la fréquence d'oscillation du quartz... Pure stupidité : lorsqu'on démonte un fréquencemètre de grande précision (HP 5340 par ex), l'oscillateur est blindé certes, mais nullement isolé des vibrations. Les ingénieurs de chez Hewlett Packard sont certainement des abrutis qui ne savent pas qu'il faut suspendre les quartz pour qu'ils ne dérivent pas en fréquence...

Dire que le jitter d'horloge du filtre de lissage après CNA a de l'importance, c'est comme dire qu'une poussière située sur un pneu d'une voiture joue sur sa tenue de route... L'ordre de grandeur est le même !

Bref, ces modules sont inutiles, sauf pour ceux qui les vendent !

Regardons maintenant le circuit de veille de cet appareil qui rappelons-le coûtait la bagatelle de 24900 F lors de sa sortie et qui fut bien entendu encensé par toute la presse audiophile :

Hééé oui... le moins qu'on puisse dire c'est que c'est consternant. On voit d'ailleurs que la colle a commencé à réagir chimiquement (coloration brune). Au démontage un examen attentif montrera que la patte de la résistance a elle aussi commencé à être rongée...

La plaque refaite, proprement avec de la gaine thermo et un soudage avec fil de bonne dimension qui évite l'usage de colle.

Les condensateurs électrochimiques présents sur ce PCB étant constamment sous tension, ils ont été changés préventivement.

5°) Essais :

La lecture se fait bien, il n'y a rien à reprendre au niveau réglage.

6°) Bilan :

Encore une fois le Très Haut de Gamme, n'a de "trés haut de gamme" que le nom : cet appareil n'est techniquement en rien différent d'un CD94 Marantz, le seul circuit rajouté par Wadia est très mal fait...

Au prix où était vendu cet appareil, une telle réalisation est une honte absolue, et ne peut que faire douter de la sincérité de Wadia quant à ses productions.

7°) Statut :

Restitué à son propriétaire