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Magnétophone à bandes Revox B77 mkI

(Photo provenant d'internet)

 

1°) Présentation générale :

L'appareil ici présenté est un B77 mkI, autrement dit de type 1, il fait partie des premiers mkI, comme l'atteste le fait que l'amplificateur d'entrée est fondé sur un TBA231 et non sur un NE5532.

Cet appareil est un deux pistes (donc stéréo), deux vitesses : 3,75 inch/s et 7,5 inch/s non réversible, sans Dolby, ni réglage manuel de l'égalisation, ni de vitesse (pitch control). Le compteur est mécanique. On peut estimer que cet exemplaire date de 1980-1981.

Au sein même des B77 il y a eu de très nombreuses variantes.

Bien que porté au nues un peu partout, il faut bien dire ce qui est : cet appareil est très en dessous de ce que pouvaient faire les japonais (Teac, AkaÏ, Sony ou Pioneer) à la même époque. Le système de tension et guidage de bande par exemple est très basique (couché et debout, la lecture d'une bande étalon avec analyse spectrale ne donne pas le même résultat !). Contrairement à ce qui est souvent affirmé à droite et à gauche, les B77 mkI ou mkII n'ont pratiquement jamais été utilisés en studio, du A807 oui, mais pas du B77...

Il était vendu aux environs de 10.000 FF !

 

 

2°) Partie mécanique :

C'est un appareils trois moteurs : deux moteurs d'entraînement des bobines et un moteur de cabestan.

Le compteur est mécanique avec liaison par courroie.

Le boitier externe est en bakelite. La châssis (treillis de zamak) se glisse dedans.

Les cartes sont en bas de l'appareil et les réglages ne sont pas accessibles si le boîtier bakélite n'est pas enlevé, et de surcroît demandent à ce que l'appareil soit mis à plat... avec la prise 220 V derrière et les câbles d'input output aussi... il faut faire des cales pour maintenir l'appareil au dessus du plan de travail.

Les freins sont classiques et de bonne facture avec un système d'électro-aimant de commande.

Les boutons en façade se remplacent mais pas facilement (le montage façade/contre-façade/carte de connexion n'est pas évident à démonter).

 

Avant d'entamer la partie électronique, il est bon de faire un rappel sur les principes de l'enregistrement sur support film métal par induction magnétique.

 

 

3°) Principes de l'enregistrement sur support magnétique de type bande :

La technologie de l'enregistrement analogique sur bande magnétique est assez complexe, elle ne se résume pas du tout à envoyer un signal sur une bobine qui va générer un champ magnétique qui lui-même va modifier l'aimantation du support : le principe fondamental est certes celui-là, mais la mise en œuvre demande une technologie assez évoluée.

a) Aimantation de la matière :

- dans le vide, un aimant permanent ou une charge électrique en mouvement va créer un champ magnétique H

- mis en présence de matière H crée une polarisation magnétique au sein cette matière, cette polarisation s'ajoute au champ, il en résulte une induction magnétique de la matière notée B

- B et H sont liées par :

B = µoµr H

avec µo : perméabilité magnétique du vide et µr : perméabilité relative de la matière concernée.

b) Aimantation résiduelle :

Dans certains milieux (et les émulsions se trouvant sur les films des bandes d'enregistrement font partie de ces milieux), si l'on coupe H, alors on constate que la matière conserve une certaine induction magnétique, on nomme cette induction "Champ magnétqiue rémanent".

Si on trace B en fonction de H pour une variation de H entre H1 et -H1, de la façon suivante :

On va obtenir la variation de B en fonction de H :

Il existe un phénomène de "mémoire" et un phénomène de saturation qui font qu'un fine la variation de Br en fonction de H n'est pas du tout linéaire :

c) Application à l'enregistrement d'un champ variable dans un milieu ferro-magnétique :

Conséquence de la courbe ci-dessus : si l'on injecte un champ variable centré sur zéro, on ne va pas du tout avoir une image homothétique de ce champ sur la bande :

La déformation est très très importante, à la place d'une sinusoïde on a une sorte de double vase...

L'idée est alors de déplacer H en ajoutant une composante permanente qui va permettre de travailler sur la partie linéaire de la courbe Br en fonction de H, cette composante permanente constitue le "bias".

Tout semble ainsi résolu, mais en fait ça n'est pas si simple car le signal qui sera récupéré à la lecture de la bande :

- sera de très petite amplitude 

- le fait de polariser avec un champ H continu (autrement dit ici avec un courant continu) va générer un très fort bruit de fond

- la moindre variation du bias va complètement modifier le signal enregistré.

Tous ces problèmes ont été résolus en utilisant un bias alternatif à des fréquences variables (de 80 à 150 kHz) en fonction du type de lecteur (150 kHz sur Revox B77, 125 kHz sur Pioneer RT-909...). L'intensité du courant de bias est très importante, et doit être adaptée à chaque type de matériau ferro-magétique se trouvant sur le film, et à la vitesse de défilement.


d) Effacement du signal enregistré :

Afin d'avoir une bande vierge (ou presque) sur laquelle enregistrer, il faut effacer toutes les informations s'y trouvant, en théorie appliquer un champ magnétique fort doit suffire. Dans les faits, on élimine en effet (en très grande partie) l'aimantation résiduelle, mais on créé une aimantation résiduelle permanente très élevée qui va se traduire par un souffle énorme à la lecture de cette bande vierge. Pour éviter cela on va là aussi utiliser un signal alternatif, de grande amplitude (50-100 V) et de fréquence identique à celle utilisée pour le bias (on va utiliser le même oscillateur que celui qui sert à générer le signal de bias). Lorsque la bande passe devant la tête, elle est exposée à un champ alternatif d'amplitude variable selon l'éloignement :

Ceci permet de faire l'opération inverse de la deuxième figure de ce paragraphe : on parcourt la courbe d'hystérésis en sens inverse et on revient (en théorie) à zéro.

Remarque très importante : tout ce qui vient d'être décrit n'a d'utilité que dans la phase d'enregistrement du signal, et pas du tout en lecture !!

Il n'y a aucun bias de généré par l'appareil lors de la lecture de cassettes !!!

De façon plus prosaïque, toutes les commandes ayant trait au bias ne servent qu'en enregistrement, et pas du tout en lecture.

e) Courbes d'égalisation :

Il faut enfin savoir que toutes les fréquences d'un même signal (en amplitude) ne seront pas reproduites avec la même amplitude une fois "écrites" sur la bande : les extrémités du spectre audible (surtout du côté haut) sont atténuées, en conséquence il faut renforcer le niveau d'enregistrement à partir de certaines fréquences. Il existe plusieurs standards d'égalisation (courbes NAB, RIAA...) pour les magnétophones à bandes. Ces courbes tiennent compte du type de bande et de la vitesse de défilement.

f) Réducteur de bruit :

Les Laboratoires Dolby ™ ont mis au point des standards (avec compression et décompression du signal) permettant de réduire le souffle présent à la lecture des cassettes, bien entendu il faut que l'appareil qui lit la cassette soit équipé des circuits Dolby correspondants : B ou C

g) Aspect mécaniques :

Il conviendrait aussi de parler de tout ce qui touche au guidage et à la régulation de la vitesse de défilement de la bande (cabestan simple, double, asservis ou non... azimuth de tête... (autrement dit que la tête soit parfaitement parallèle à l'axe de la bande)... Système de mise sous tension de la bande...

h) En conclusion :

L'enregistrement sur bande magnétique est en fait une technologie très complexe. Pour faire un bon enregistrement sur une bande magnétique il faut travailler avec un appareil étalonné pour n'utiliser qu'un seul type de bande et d'une marque bien précise avec une vitesse bien précise aussi... c'est tout à fait possible dans un studio d'enregistrement, chez un particulier c'est nettement plus délicat.

Il est évident qu'aujourd'hui, avec les convertisseurs analogique/digital performants et la puissance des ordinateurs dans le traitement du signal, tout ce qui précède est complètement obsolète, sans compter que les bandes magnétiques sont fragiles : le support vieilli, l'émulsion s'oxyde, il y a toujours un champ résiduel (même avec des têtes d'effacement très performantes)...il est très difficile de trouver aujourd'hui de bonnes bandes magnétiques.

 

 

4°) Partie électronique :

a) Moteurs d'entraînement et moteur cabestan :

Les moteurs d'entraînement sont alimentés par différents voltages via des triac de façon à permettre la sélection de vitesse en fonction de la taille de la bobine, et de la fonction demandée : lecture, avance rapide, retour rapide.

Une logique de commande inclue la gestion des ordres de l'utilisateur donnés via des touches poussoir, la détection de fin de bande (par capteur infrarouge) et la mise en rotation.

Le moteur de cabestan tourne en continu, l'asservissement est réalisé grâce à une tête tachométrique,  la variation de vitesse (x2) est obtenue par modification de la réponse de la tête tachométrique.

C'est un système asservi assez complexe et très intéressant qui mérite d'être expliqué ici.

Le schéma est le suivant :

Il faut distinguer plusieurs situations :

- mode établi à faible vitesse (slow)

- mode établi à grande vitesse (fast)

- passage du mode établi fast au mode slow

- passage du mode établi slow au mode fast

* Mode établi slow :

Le but est d'obtenir une vitesse de rotation constante quelque soit la charge du moteur cabestan. Cette vitesse de rotation est d'environ 15 t/s. A cette vitesse, le capteur de rotation produit un signal sinusoïdale de fréquence F = 800 Hz, c'est ce signal qu'on trouve au point A, il est ensuite mis en forme grâce à un ampli-op (1/2 IC2) et se retrouve en B (carré de rapport cyclique 1 à 800 Hz). Les diodes D5 et D7 associées à Q3 et Q4 permettent d'avoir deux signaux en opposition de phase en C et en D (ces signaux sont des carrés de 800 Hz de rapport cyclique 1). Lorsque l'on est en slow, Q1 est bloqué (il y a une erreur sur le schéma au niveau de l'inter slow/fast), on a donc en E un signal qui est constitué uniquement des fronts descendants des signaux présents en D et en C, soit en fait une série de pics de fréquence 800 Hz et d'amplitude environ 12 V càc.

Le NE555 est monté en monostable (avec une constante de temps de 0,63 ms, soit juste la moitié d'une période d'un signal de 800 Hz), et génère un carré de fréquence 800 Hz et de rapport cyclique 1, (en fait ce rapport cyclique varie très légèrement (voir plus bas)), c'est ce signal qu'on retrouve en F.

En F le signal va d'une part sur la borne inverseuse de IC2, mais aussi dans un circuit formé par R20, D9, D4, R32, R35, C15 et C12. Ce circuit permet d'obtenir une tension très stable à la borne 6 de IC2 : il prend le haut et le bas du signal, les valeurs sont "stockée" dans C15 et C12, puis additionnées et la résultante présentée sur la patte 6 de IC2, elle est alors comparée au signal présent sur la patte 5 de IC2. Si le signal est supérieur en amplitude à celui présent sur la patte 6, alors Q5 se bloque et Q2 aussi : le moteur n'est plus alimenté au travers du pont, et va ralentir très légèrement, du coup tout ce qui précède va être modifié : le rapport cyclique en sortie du NE555 va bouger légèrement et le signal sur la patte 5 va devenir inférieur à la valeur stockée et présente sur la patte 6, du coup un signal d'erreur va être généré et Q2 Q5 vont devenir passant et le moteur va accélérer, et va repasser au-dessus de la la vitesse de 15 t/s, et donc l'amplitude sur la patte 5 va augmenter et donc Q2 Q5 vont se bloquer, et on continue...

On voit donc en fait que le moteur ne tourne pas à une vitesse parfaitement stable : il est sans arrêt en train d'accélérer et de ralentir !!! Bien sûr comme on tourne quand même assez vite, que la tête délivre un signal de fréquence bien plus élevée que la fréquence de rotation, que le moteur a une grande inertie et qu'il ne lutte que très faiblement contre l'accélération du défilement de la bande, la vitesse de rotation semble fixe pour l'oreille humaine, mais de façon parfaitement stricte c'est faux, la vitesse varie très très légèrement.

* Mode établi fast :

Le but est d'obtenir une vitesse de rotation constante quelque soit la charge du moteur cabestan. Cette vitesse de rotation est d'environ 30 t/s (double du slow). A cette vitesse, le capteur de rotation produit un signal sinusoïdale de fréquence F = 1600 Hz, c'est ce signal qu'on trouve au point A, il est ensuite mis en forme grêce à un ampli-op (1/2 IC2) et se retrouve en B (carré de rapport cyclique 1 à 1600 Hz). Les diodes D5 et D7 associées à Q3 et Q4 permettent d'avoir deux signaux en opposition de phase en C et en D (ces signaux sont des carrés de 1600 Hz de rapport cyclique 1). Lorsque l'on est en fast, Q1 est saturé et la diode D2 est passante, on a donc en E un signal qui est constitué des fronts descendants du signal présent en D (le signal présent en C est effacé), soit en fait une série de pics de fréquence 800 Hz et d'amplitude environ 12 V càc.

La suite est identique au paragraphe précédent à partir du 'Le NE555 est monté en monostable" avec cependant une différence absolument capitale : par rapport au slow, le signal en sortie du 555 est inversé en phase (et donc aussi par rapport au zéro temporel de la courbe de la tête tachy) !! C'est cette inversion de phase qui provoque une augmentation de la vitesse de rotation. La théorie électronique du pilotage du moteur via le pont est très compliquée, schématiquement le pont redresse partiellement un courant provenant du moteur, ce courant passe dans R4-Q2 avec génération plus ou moins importante d'une fcem en fonction de la phase du signal présent sur la base de Q2, et donc avec un ralentissement plus ou moins important de la vitesse de rotation.

Ce schéma était très poussé et a été utilisé sur de très nombreux lecteurs de la marque. Il date en fait de la génération d'avant le B77 : l'A77, donc des années 60.

- Input amplifier :

C'est l'amplificateur d'entrée, il opère sur le signal provenant des micro ou des entrées aux. Sur le mkI il n'y a pas de muting (le schéma ci-dessus est celui d'un mkII). C'est ici que se fait le réglage du niveau d'enregistrement. Il est à base de TBA231 ou de NE5532 (ce circuit n'est utilisé que sur le mkII).

- Record amplifier :

Il y a son niveau un réglage d'égalisation en fonction de la vitesse de défilement : plus la bande défile vite et plus il va y avoir une perte dans les aigües, il faut donc renforcer ces aigües lors d'un enregistrement à vitesse rapide (par contre plus la bande défile vite et moins il y a de souffle).

Le signal est ensuite amplifié, et mélangé au signal de bias. Pour éviter que ce signal de bias de forte amplitude et de haute fréquence (150 kHz ici) ne rentre dans les étages d'amplification, il y a un "bias trap), c'est à dire un circuit L-C qui stoppe ce signal.

Une fois le mélange fait, on va directement sur la tête d'enregistrement.

- Oscillator :

Ce circuit génère un signal de grande amplitude à la fréquence de 150 kHz, cette amplitude doit être corrigée en fonction de la vitesse et du type de bande :

C'est le réglage du bias. Ce réglage est délicat, il est important car il détermine la bande passante, la THD et le souffle obtenus en enregistrement.

L'oscillateur génère également la tension alternative d'effacement qui va aller sur la tête d'effacement et rendre "vierge" la bande avant enregistrement, entre guillemets car il y a toujours un flux résiduel !

- Reproduce amplifier :

Il comporte d'abord un premier ampli non linéaire : il suit soit une réponse en fréquence définie par la norme NAB soit par la norme IEC. Qu'est-ce que c'est ?

Globalement lors d'un enregistrement sur bande magnétique, quelque soit la vitesse et le support et sans aucune correction à la lecture, on constate une diminution forte des aigües, et légère des graves.

Il faut donc corriger ces deux diminutions, on le fait en augmentant l'amplification des graves et des aigües par rapport au reste du spectre sonore. On défini deux constantes de temps :

t2 pour les graves et t1 pour les aigües, ces deux constantes sont égales au produit R x C de chaque circuit d'accentuation.

La norme NAB donne t1 = 50 µs et t2 = 3180 µs.

La norme IEC donne t1 = 120 µs et t2 = 3180 µs.

Il faut donc choisir la bande en fonction du type de carte se trouvant dans l'appareil, ou alors avoir un lecteur qui dispose des deux type de normes (ce qui est le cas du RT-909 de chez Pioneer) :

On note que sur le Pioneer le bias est réglable également (dans une certaine mesure puisqu'il n'y a que deux valeurs bien déterminées)... préfigurant les magnétophones à cassettes avec des bias réglables sur des plages.

 

A la sortie de cet étage se trouve une ligne fléchée avec indiquée "to right chanel", il s'agit d'une fonction activable grâce aux rotacteurs de façade situés en dessous des potentiomètres de niveau d'enregistrement, et qui permet d'enregistrer le signal écouté sur une voie sur l'autre voie ; il y a une erreur sur le schéma (il y a beaucoup d'erreurs sur les schémas Revox !!) : la légende "to right channel" devrait être "to left channel" et inversement sur l'autre canal. Tout ceci est possible car on peut n'enregistrer que sur une moitié de bande (les inter d'enregistrement Left et Right sont indépendants.

 

- Commutateur Input/Tape :

Il permet de choisir si le signal visualisé par les vu-mètres et entendu au casque est celui envoyé sur les entrées signal de l'appareil ou si c'est celui qui se trouve sur la bande. On peut l'utiliser en cours d'enregistrement pour voir si l'appareil enregistre bien en faisant une comparaison signal envoyé et signal restitué à la lecture de la bande.

 

- Monitor amplifier :

Ce dernier circuit pilote les vu-mètres et comprend l'amplificateur de casque.

Les vu-mètres indiquent aussi bien le niveau d'enregistrement que celui du signal en lecture, la sensibilité est réglable. On trouve aussi un voyant de sur-modulation qui indique un niveau d'enregistrement trop élevé (+ 6 dB) sur chaque vu-mètre, là aussi l'allumage doit être taré.

La commande de volume n'agit que sur l'amplificateur des sorties casque (au nombre de deux).

La sortie line n'est pas amplifiée, mais son niveau est atténuable par des potentiomètre se trouvant juste en dessous des sorties en face arrière.

 

Il n'y a sur le B77 mkI aucun circuit de muting ni de réglage de vitesse.

 

 

5°) Problème à la réception :

Un commutateur d'enregistrement est cassé, l'appareil enregistre très très mal, le freinage est peu efficace.

 

 

6°) Recherche des causes et dépannage :

Compte tenu de l'ancienneté de l'appareil une révision complète est nécessaire ainsi qu'une reprise de tous les réglages.

Seront fait :

- remplacement de l'inter enregistrement cassé

- recapage de toutes les cartes (chimiques et tantales)

- remplacement des trimmer

- nettoyage de la barre de commutation fast-slow

- nettoyage des inter et rotacteurs

- réfection des freins et réglages

- démagnétisation des têtes

- réglages des tensions d'alim, de la vitesse du moteur capstan, des bias, des préaccentuations, des azimuth de têtes (enregistrement et lecture)

- calibrage des vu-mètres et des voyants de surmodulation

 

a) Remplacement de l'inter :

Il n'est vraiment pas facile d'accéder aux inter et potentiomètres : ils sont sur un PCB qui est fixé derrière la contre-façade, il faut démonter la façade et la contre-façade pour y accéder.

En haut la contre-façade (avec un tas de fils, et la commande de la barre de sélection fast-slow en haut à gauche), en dessous le PCB. Heureusement les inter et rotacteurs ne sont pas soudés dessus mais vissés et les contacts se font via des pistes nues sur le PCB (bien visibles pour le rotacteur enlevé).

On profite du changement d'inter pour nettoyer les pistes des rotacteurs.

 

Contre-façade reposée, quelques essais sont faits pour voir si tout fonctionne sur le plan commande.

 

b) Recapage des cartes :

Nouveau condo sur carte d'alim.

 

La carte logic command recapée.

 

Carte commande moteur cabestan recapée.

 

Les deux cartes ci-dessus s'enfichent dans la carte d'alim (laquelle se trouve à la verticale avec les fusibles), ici la carte logic command n'a pas étée encore refaite. La carte de commande du moteur est celle qui est à l'envers à droite (côté PCB visible).

 

Carte "Input amplifier" recapée équipée en TBA 231... (malheureusement)...

Il a fallu mettre deux fois deux condensateurs l'un sur l'autre 'condensateurs du bas) pour obtenir la bonne valeur, la valeur d'origine ne se faisant plus.

 

La carte "Rec amplifier" recapée et trimmers changés (on voit bien en haut les deux self du bias trap).

 

Carte "Oscillator" racapée, les deux relais sont activés lors du passage PLAY/REC permettant l'injection du bias et l'allumage des voyants en façade.

 

La carte "Reproduce amplifier" recapée et trimmers remplacés.

 

Toutes ces cartes s'enfichent sur un PCB "fond de panier" qui est en fait le PCB qui se trouve derrière la contre-façade et qui porte les rotacteurs et inter.

 

Vue de l'arrière (appareil à l'envers haut/bas), on voit en haut la carte fond de panier avec les connecteurs, et la barre de contact fast-slow. En dessous le moteur cabestan. A gauche les sorties/entrées se trouvant à l'arrière de l'appareil.

 

c) Nettoyage barre slow/fast, remplacement condensateur anti-parasitage, remplacement des condensateurs de déphasage moteur reel.

La barre de contact... il est important de bien la nettoyer car les courants qui y passent sont très très faibles et il faut donc de bons contacts.

 

Le condensateur d'antiparasitage de l'inter OFF/ON. En dessous le transfo d'alim.

 

Les nouveaux condensateurs de déphasage moteur.

En-dessous la face arrière avec les entrées et sorties et les deux petits potentiomètres de ligne out.

 

d) Changement courroie du compteur, réfection freins et nettoyage chemin de bande :

Tambour de freinage du moteur reel droit avec la courroie de compteur. La courroie sera remplacée, ainsi que celle qui fait le lien avec le compteur (petite courroie plastique très cassante).

 

La bande de freinage sur le tambour avec la sangle du frein défaite.

 

Frein refait. Il est important de ne pas prendre une bande de tissu synthétique : le freinage engendre un échauffement, et fait fondre le synthétique qui se dépose petit à petit sur la sangle.

 

Le chemin de bande d'origine... avec un dépôt extraordinaire sur le doigt se trouvant entre tête d'effacement et tête d'enregistrement, l'autre doigt était également très très sale et les têtes loin d'être propres.

 

Après nettoyage : c'est mieux !

Le pinch-roller et l'axe de moteur cabestan ont également été  soigneusement nettoyés.

 

 

7°) Les réglages :

Compte tenu de la complexité des opération, un paragraphe spécial y est consacré.

Il est (très) difficile de bien régler un magnétophone à bandes et ceci nécessite un minimum de matériel (GBF de qualité, bandes étalon, analyseur de spectre, voltmètre) et surtout, surtout d'avoir un type de bande neuve bien précis pour faire l'enregistrement.

a) Tensions d'alim :

Il y a deux tensions du +24 V et du + 20 V, elles ne sont pas réglables. On ne peut que les contrôler.

b) Vitesse moteur cabestan/tachométrie

La vitesse se contrôle en utilisant un fréquencemètre, ou mieux un oscilloscope et en vérifiant qu'on a bien un carré de 800 Hz au point F de la platine de pilotage du moteur cabestan quelque soit la vitesse.

c) Bande passante amplificateur d'entrée/étalonnage signal entrée à 0 dBu :

Pour le niveau d'entrée on met un GBF à 1000 Hz, un oscillo en sortie et on règle l'amplitude du GBF pour avoir 0,775 VRMS à l'oscillo.

Pour la BP on utilise un analyseur ou un système qui combine GBF wobulable avec analyse spectrale (maintien du pic), on entre en INPUT AUX et on se met en line OUT.

d) Mélange des entrées :

Se reporter à la doc constructeur (c'est fastidieux à expliquer) !

e) Azimuth de tête de lecture :

On utilise une bande étalon avec quatre signaux de fréquence 10 à 15 kHz, et on régle la tête au mieux pour avoir des signaux de même amplitude par analyse spectrale en sortie.

f) Etalonnage vu-mètres :

On utilise là aussi une bande étalon avec un signal sinus 1000 Hz à 0 dBu et on règle la sensibilité des vu-mètres pour avoir les aiguilles à 0 dB.

g) Réglage voyants de surmodulation

Là il faut injecter un signal en input, se mettre en source monitor, monter le niveau à partir du 0 dB de 6 dB et régler pour que à cette valeur du signal injecté les diodes de surmodulation s'allument.

h) Réponse en fréquence :

La réponse en fréquence se fait en injectant un signal sinus wobulé de 20 à 20.000 Hz et on fait une analyse spectrale avec maintient du pic (ou alors on utilise un analyseur avec traceur genre AP Portable One Plus).

i) Fréquence et tension d'effacement :

Elles se mesurent directement aux bornes de la tête d'effacement appareil en marche en position REC, on doit avoir comme valeurs : 30-32 VRMS et 150 kHz +/- 5 Hz. Il faut tourner le noyau ferrite de la self T1pour régler la fréquence.

j) Bias trap :

Le bias trap permet de bloquer le signal de bias pour éviter qu'il ne remonte dans la chaîne de traitement du signal à enregister. Il faut régler la tension résiduel de bias le plus bas possible (en dessous de 350 mVRMS ici) appareil en marche en position REC

k) Azimuth de tête d'enregistrement

l) Prémagnétisation (bias) slow

m) Prémagnétisation (bias) fast

 

 

Rapport essais et réglages Revox B77 SN : 054311

 

 

 

 

Date : 12/06/2017

 

 

 

 

1°) Tensions alimentation :

 

a) masse - P13 : 20,83 V (attendu : 21 +/- 1 V)

 

b) masse - R34 : 27,60 (attendu : 24-26 V)

 

c) régulée : 5,11 V (attendu 5 V)

 

 

 

2°) Tachométrie :

 

a) à v = 3 3/4 : 42 mV (attendu : 35 - 50 mV)

 

b) à v = 3 3/4 : 800,0 Hz ; à v = 7 1/2 : 800,6 Hz. delta 0,6 Hz (delta max attendu : 1 Hz). Signal carré parfait.

 

 

 

3°) Amplificateur d'entrée :

 

A partird'un GBF en entrée à 1000 Hz. Niveau d'entrée à 0 dB VU : 0,775 VRMS

 

 

 

4°) Mélange entrées :

 

Conforme au service manual

 

 

 

5°) Azimuth de tête  lecture :

a) A partir d'une bande étalon 1 kHz -10 dB, 3 kHz -10 dB, 5 kHz -10 dB, 10 kHz -10 dB et analyse spectrale en sortie

n) Préaccentuation en enregistrement slow et fast

 

 

b) A partir d'une bande étalon  avec 1,0 kHz + 4,7 kHz + 7,0 Khz + 12 kHz -10 dB et analyse spectrale en sortie :

    Canal droit :                                                     Canal gauche :

5°) Etalonage des vu-mètres

 

A partir de bade étalon 257 nWb/m v = 7 1/2).

 

0,775 VRMS : 0 dB left

 

0,775 VRMV : 0 dB right

 

 

 

6°) Réglage voyants de surmodulation :

 

allumage à + 6 dB

 

 

 

7°) Réponse en fréquence :

 

A partir GBF 0,96 Vcàc -20dB

 

Fréquence (kHz)

Left (mVRMS)

Right (mVRMS)

0,030

729,7

729,1

0,100

761,4

760,3

2,6

767,8

767,1

15

763,3

761,4

20

759,1

757,9

 

 

 

8°) Fréquence et tension d'effacement :

 

left : 151,1 kHz 24,5 VRMS (attendu 150 kHz 30-32 VAC)

 

right : 151,5 kHz 24,5 VRMS (attendu 150 kHz 30-32 VAC)

 

 

 

9°) Bias trap :

 

left et right : 42 mV (attendu : < 350 mV)

 

 

 

 

10°) Azimuth de tête d'enregistrement :

 

Conforme au Service manual (réglage à 0,775 mVRMS)

 

 

 

11°) Prémagnétisation Slow :

 

467 mVcàc (delta de 5 dB)

 

 

 

12°) Prémagnétisation Fast :

 

356 mVcàc (delta de 4 dB)

 

 

 

13°) Préaccentuation d'enregistrement :

 

Non conforme en Slow. Trop dépendant du type de bande.

 

 

 

8°) Bilan :

Le Revox B77 est un appareil très connu des personnes utilisant des magnétophones "reel to reel", il est souvent porté aux nues...

Il faut bien voir que si cet appareil a été tellement diffusé c'est en grande partie  grâce à la qualité du réseau de distribution de Revox lequel était bien plus étendu que celui de  Pioneer, Akaï, Technics, Sony, OTARI, Fostex... Enfin Studer-Revox avait une politique commerciale très bien faite, et savait très bien faire croire à du très haut de gamme car l'entreprise était aussi présente dans les média publiques (avec des machines bien plus performantes) que le B77 qui appartenait à la gamme "grand public" de Studer, pourtant à y regarder de près entre Studer et Revox, pas grande différence (voir ici ).

Revox a toujours été très très fort pour se placer sur du soi-disant "haut de gamme" et pour faire du marketing 'voir ici le bilan de l'ampli A78 mk II)

Conséquence : le B77 a connu une très grande diffusion, alors qu'il y avait sur le marché des machines bien plus performantes : Pioneer RT-909 , Akai GX-636 ou encore Technics RS-1500U (fabriqué entre 77 et 85).

Le très gros avantage du Revox était sa facilité de réparation (comparé par exemple à un Pioneer RT-909 (qui est une horreur à réparer voir ici)) :  le principe des cartes enfichables était un atout absolument majeur sur toute la concurrence : carte en panne, on changeait la carte et ça repartait, sur les machines japonaises citées plus haut c'était vraiment très mal pensé au niveau maintenance.

Tout ceci a fait que cette machine, encore une fois très bien conçue pour la maintenance, a été bien plus diffusée et sauvegardée que des appareils beaucoup plus performants mais qui étaient un vrai casse-tête au niveau réparation.

En bref, on a une (très) belle machine, très simple à dépanner, mais beaucoup moins performante que les machines japonaises de l'époque.

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